ENTRETIEN AVEC JEFF REITERMAN
Directeur des programmes internationaux, Veolia North America
« Toute entreprise qui génère des matières résiduelles dangereuses cherche à en réduire le volume et à limiter sa responsabilité à long terme, en récupérant, recyclant et réutilisant par tous les moyens possibles. La récupération est aussi une solution plus durable, plus écologique et plus rentable que la disposition. Nous travaillons avec nos clients pour ne plus avoir à utiliser les méthodes de disposition traditionnelles, comme l’incinération et le mélange de carburants, et recourir à d’autres types de traitement permettant de récupérer ou de réutiliser directement les sous-produits.
« C’est dans l’industrie pharmaceutique que notre impact dans le domaine des solvants à haute valeur ajoutée est le plus grand. Nous ciblons les solvants les plus coûteux sur le marché vierge, et nous cherchons à récupérer et revendre cette matière sur un marché de produits chimiques secondaires. Nous utilisons également un processus de transformation en sous-traitance dans le cadre duquel nous récupérons les solvants pour les transformer dans notre installation et réintroduire les solvants régénérés dans le processus d’origine. »
SOLVANTS CIBLÉS
« En général, nous ciblons le chlorure de méthylène, le THF et la NMP. Actuellement, nous envisageons également de récupérer les solvants de moindre valeur, comme l’alcool isopropylique. Les solvants entrent dans la production de la plupart des produits chimiques utilisés dans la production pharmaceutique, ce qui en fait une cible intéressante pour nous.
« Ces solvants sont souvent utilisés comme porteurs, et dans certains cas ils participent au processus de réaction. Les propriétés des solvants sont très utiles pour le processus de fabrication en raison de leur nature volatile. À titre d’exemple, dans un processus d’enrobage de comprimés dont nous récupérons les solvants, les usines pharmaceutiques utilisent de l’acétone, une matière très volatile qui ne laisse aucun résidu dans le produit final. Cette matière peut ensuite servir de porteur pour l’ingrédient pharmaceutique actif. Le solvant est distillé jusqu’à évaporation, condensé et récupéré sous forme d’acétone. Le solvant participe parfois au processus de réaction. Dans ce cas, un autre solvant ou une variante de solvant est parfois généré au cours du processus. »
DES DÉFIS UNIQUES
« La différence est que par le passé les usines pharmaceutiques ne se préoccupaient pas de récupérer ou séparer les flux de solvants pour capitaliser sur leur valeur. Elles s’intéressaient davantage au processus de production qu’à la façon dont elles collectaient les matières résiduelles. Souvent, elles collectent les matières résiduelles dans de vastes parcs de réservoirs, où elles sont toutes mélangées.
« Les pipelines des usines et la configuration des processus de collecte rendent parfois difficile la collecte de matières résiduelles sous une forme qui puisse être rapidement récupérée ou revendue. Nous travaillons souvent avec les groupes d’ingénieurs et les employés de l’usine pour trouver des moyens de séparer les matières. Dans certains cas, les usines doivent réaliser des investissements pour changer les pipelines d’une zone donnée, par exemple. Travailler avec les usines pour identifier la forme qui donnera plus de valeur aux matières peut être un processus très compliqué. »
LE PREMIER CATALYSEUR DU CHANGEMENT
« Le premier catalyseur pour trouver une solution plus durable est en général la nécessité de réduire le coût global de production. L’un des changements réglementaires qui a fait avancer cette recherche est l’adoption des réglementations sur les matières secondaires dangereuses au niveau des états. Le New Jersey et Porto Rico, qui abritent un certain nombre d’usines pharmaceutiques, ont tous deux adopté ces réglementations.
« Par le passé, lorsque nous transportions les matières pour les recycler, cette opération était toujours considérée comme une activité de gestion de matières résiduelles dangereuses,en vertu de la loi américaine sur la conservation et la restauration des ressources (RCRA). Avec les nouvelles réglementations, ces matières ne sont plus considérées comme des matières résiduelles dangereuses et n’entrent pas dans la production des matières résiduelles dangereuses. La nouvelle réglementation a certainement aidé à promouvoir le recyclage. »
SERVICES PHARMACEUTIQUES
« Veolia sert l’industrie pharmaceutique avec notre portefeuille complet de services. Nous faisons tout, des services sur site à la mise en contenants LabPack, en passant par la disposition standard des matières résiduelles, la gestion des matières résiduelles faiblement radioactives et la gestion des produits chimiques réactifs.
« La destruction des produits emballés non conformes ou qui ont expiré est une activité importante pour l’industrie pharmaceutique, qui tient à s’assurer que ces produits ne tomberont pas entre de mauvaises mains ou ne finiront pas sur le marché noir. Nous veillons à ce que ces produits soient éliminés en toute sécurité.
« L’industrie pharmaceutique représente l’un des plus grands groupes de clients de Veolia. Nous pouvons gérer tout type de matières résiduelles, y compris les matières résiduelles spécialisées. Par le passé, l’industrie pharmaceutique sous-traitait ces activités. C’est pourquoi nous avons développé une méthodologie méticuleuse pour ces services. »